Piéger efficacement Vespa velutina avec un impact positif sur la biodiversité, c’est possible et nécessaire.

Le piégeage de printemps et d'automne limite le nombre de nid

Le frelon asiatique, Vespa velutina a été introduit accidentellement en Aquitaine dans le début des années 2000. Une seule femelle fécondée a probablement suffi à coloniser près de la moitié du territoire français. Cette progression est typique d’une espèce invasive. Elle génère de nombreux problèmes dont le plus remarquable est une prédation importante de nombreuses espèces d’insectes dont l’abeille.

 Pour ralentir sa progression, il faut envisager un ensemble de mesures de lutte :

  • Le piégeage d'automne permet de détruire les fondatrices qui sortent du nid et qui cherchent des protéines et du sucre avant de se terrer ou s'abriter derrière des écorces d'arbres pour passer l'hiver.

  • Le piégeage de printemps qui vise à capturer les femelles fécondées qui ont survécu à l’hiver,

  • La détection et la destruction précoce des nids. Ces deux mesures éliminent la prédation et la diffusion des descendantes.

  • La destruction des nids toute la saison , par un professionnel certifié d’état Biocide

 

Si les fondatrices commencent leur activité dès la mi-février , même parfois avant, elles ne commencent réellement à construire un nid primaire viable que vers la fin mars. A partir de ce moment, leurs besoins énergétiques augmentent considérablement pour la recherche des matériaux et l’élaboration du nid. Ce nid primaire est placé dans des endroits très abrités du vent et surtout de la pluie. Le papier qui le constitue est très fragile. On le trouve souvent sous des toits, sous les auvents des maisons. Il est à cette période très facile à détruire.

 'Les fondatrices devront aussi pondre, assurer l’alimentation des larves et surtout le chauffage du nid à une période relativement froide. La recherche des protéines pour l’alimentation de quelques petites larves est assez facile à un moment où les insectes abondent, il est beaucoup plus difficile de s’approvisionner en sucres. Si les reproductrices sont capables de récolter du nectar sur les fleurs, elles semblent préférer les sources plus abondantes et faciles à récolter à l'automne on les trouvera sur les fleurs de lierre et de camélias ou sur le chèvrefeuille ou elles chassent les insectes et récolte du pollen source de protéine. Un piège avec un appât très sucré placé dans les arbustes fleuris à 1m du sol se remplira rapidement de fondatrices.

'Au mois de juin, la première génération d’ouvrières éclot et donne naissance à des individus de petite taille. Peu nombreuses, leurs besoins en nourriture pourront être satisfaits sur un petit territoire. Les besoins en énergie diminuent (température extérieure plus chaude) et il y a encore peu de larves à nourrir.

Au mois de juillet, il est très fréquent qu’une partie des ouvrières s’échappent du nid primaire et élaborent un nid secondaire, souvent à l’extérieur. Dans ce cas, c’est la tranquillité qui semble être le facteur déterminant pour le choix de l’emplacement du nid qui seront souvent beaucoup plus difficiles à repérer et à détruire. La fondatrice les rejoindra, puis les ouvrières naissantes y seront guidées.

En été, la population augmente, les besoins sont surtout de types protéinés pour l’alimentation des larves. La capture des insectes butineurs permet de combler en grande partie les besoins et énergie. En septembre, le nombre d’individus est de l’ordre du millier, la taille des larves est en progression, et les besoins augmentent considérablement. Les premières nuits froides apparaissent. La prédation sur les ruchers s’accentue et devient souvent intolérable. Le territoire de chasse s’agrandit et atteint l’ordre du km de rayon. Il devient impératif pour les apiculteurs de protéger les entrées des ruches pour éviter la prédation

En novembre, les nids commencent à être visibles à cause de la chute des feuilles, ils sont peuplés de plusieurs milliers d’individus.

En décembre les premières fortes gelées provoquent le dépeuplement des nids qui ne seront pas réutilisés l’année suivante.

L’objectif du piégeage de printemps vise à capturer les femelles fécondées capables de construire et développer un nid. « Un nid, c’est une seule femelle fécondée qui a survécu à l’hiver et au piégeage ».

1 - Il permet d’épargner les colonies d’abeilles et les insectes sauvages (plus de 50 % des proies des frelons) pendant l’été et l’automne.

2 - C’est le moyen le plus efficace et le moins coûteux pour rompre la multiplication des nids de frelons asiatiques.

3 - Il permet accessoirement d’éviter les piqûres, tout ceci à condition de viser le maximum d’efficacité.

Contrairement à ce qui est parfois affirmé, le piégeage de printemps est très efficace à condition de respecter certaines règles. De plus, il ne nuit pas à l’entomologique-faune sauvage, qui subit une moindre pression du frelon asiatique dans les zones où les apiculteurs piègent.

Si les pièges actuels ne permettent pas d’éviter complètement les captures d’autres insectes, celles-ci restent cependant considérablement inférieures à la prédation exercée par le frelon asiatique (Vespa Vélutina), qui se mesure en kilogrammes et centaines de milliers d’insectes pour un seul nid. Bien inférieures aussi aux impacts occasionnés par l’épandage d’insecticides. Les oiseaux insectivores dévorent un nombre important d'insectes. Beaucoup d’espèces végétales dépendantes totalement des insectes pour leur pollinisation.

Nous devons rester prudents et veiller à limiter au maximum l’impact sur les espèces d’insectes autochtones. Pour répondre aux impératifs d’efficacité et de préservation de la biodiversité, nous devons respecter les règles suivantes :

- Choisir judicieusement les emplacements,

- Employer des pièges efficaces,

- Utiliser des appâts attractifs pour V. velutina et peu attirants pour les autres espèces,

- Choisir des périodes de piégeage qui permettent de provoquer peu d’impacts négatifs sur la biodiversité.

Choisir judicieusement les emplacements

Les emplacements les plus favorables pour le piégeage seront ceux qui sont le plus attractifs pour la construction du nid ou la recherche de nourriture sucrée. Placer un piège au milieu de parcelles de maïs, de blé ou de vigne, est voué à l’échec.

Les lieux les plus favorables sont :

La proximité des anciens nids. Dans les zones non piégées ou non traité Il est fréquent, d’observer la succession des nids d’une année à l’autre, sur les mêmes arbres ou sur les arbres voisins. Près des cours d'eau car la confection du nid secondaire demande beaucoup d'eau.

Les ruchers (odeurs de miel) et les emplacements de transhumance. En absence de piégeage, il est fréquent d’observer des nids très proches des ruchers, y compris des constructions primaires à l’intérieur de ruches vides.

Les tas de composts ménagers contenant des épluchures de fruits. (odeurs de fruits mûrs)

Les déchetteriesLes lieux de stockage des emballages de fruits et légumes des magasins et épiceries,

Les arbres et arbustes mellifères en fleurs ( pour le nectar des fleurs ou les abeilles en train de récolter). Les fondatrices éventrent leur proie pour prélever des substances dans l’abdomen. Il est possible et probable que le contenu du jabot soit l’objectif de la chasse. Ne pas hésiter à déplacer les pièges en fonction de la floraison.

Les frelons seront attirés de loin par les effluves de miel ou de fruits mûrs dégagés par tous ces emplacements. Une fois sur place, les chances de les piéger sont sensiblement améliorées.

La hauteur des pièges doit être comprise entre 0.5 et 1.50 m. les placer le matin au soleil et l’après midi plutôt à l’ombre. Il n’est pas inutile de placer plusieurs pièges au même endroit.

Dans les secteurs fortement infestés, l’assainissement sur un rayon de 800m ne permet pas de préserver les ruchers de la prédation au-delà de la fin de l’été. Il est prudent de prévoir une ’’ceinture’’ de protection en posant des pièges sur 5-6 emplacements répartis sur un cercle d’un km environ autour du rucher.

Ils doivent être très attractifs pour les Vespa velutina et pas pour les autres espèces. Plusieurs formules sont préconisées. Le type d’alimentation des frelons varie en cours d’année. Certains appâts peuvent être très attractifs en automne et totalement délaissés au printemps.Les fondatrices en phase de construction au printemps alors que les températures restent fraiches, sont très attirées par des substances sucrées. Les odeurs de fruits mûrs, voire fermentés sont favorables.

L’appât que nous préconisons est tout simplement Le panaché, nettement plus attractif que les bières seules. Je rallonge lors de mes visites avec de la limonade , riche en sucre.

Les prises d’autres insectes restent limitées.

D’autres formules sont préconisées, comme des mélanges de bières, vin blanc, picon. Ou des jus de pommes, du cidre, agrémentés de sirop de menthe, de grenadine ou de cassis

Il faut être prudent avec les mélanges, nous risquons d’attirer davantage d’espèces. Mais il faut continuer de tester. Le panaché est une valeur sûre qui peut servir de témoin. En cas d’efficacité supérieure, nous serons ravis de connaître vos observations afin d’effectuer des essais.

La période est déterminante pour une efficacité maximale et pour limiter les impacts négatifs sur les autres espèces.

Il est parfois préconisé de débuter le piégeage dès l’apparition des premiers Vv, c'est-à-dire vers le 15 février. Cette date n’est pas judicieuse et doit même être déconseillée, excepté à proximité des anciens nids. Dans ce cas précis, l’objectif vise à capturer les fondatrices qui ont hiberné généralement à proximité du nid avant qu’elles ne migrent. L’efficacité des prises est faible car les besoins de ces femelles restent réduits malgré le froid. A cette période de l’année, la plupart des espèces d’insectes n’a pas encore assuré la reproduction et l’impact défavorable est à son maximum.

        Il faut attendre le début de construction des nids primaires. A cette période, les insectes volants se sont largement multipliés pour assurer la préservation de l’espèce et la nourriture des oiseaux insectivores, autrement plus ‘’destructeurs ‘’ que nos pièges. Une seule hirondelle ou mésange ingurgite plus d’insectes que des dizaines de pièges sans pour autant garantir la destruction des Frelons asiatiques. Ces oiseaux sont cependant de redoutables auxiliaires et doivent être protégés et favorisés.

       Mi mars / début Avril est donc la meilleure période pour le début du piégeage . Les belles journées succédant à des périodes de froid et de pluies sont très favorables aux captures.

        Il est impératif de poursuivre le piégeage jusqu’à la mi juin

Au-delà, les reproductrices restent à l’intérieur du nid et sont protégées. Ce sont les jeunes ouvrières qui assurent l’approvisionnement.

        Les captures de Vespa Crabro (frelon européen) débutent en mai, ce qui nous avait incités à stopper le piégeage vers la mi-mai. Les scientifiques les plus opposés au piégeage de printemps affirment pourtant qu’aucune campagne de piégeage n’a réussi à diminuer la présence de V.crabro en France. Ses besoins énergétiques sont moindres que ceux de Vv. Il débute la construction à une période plus clémente. Par contre, il peut être menacé par l’expansion de Vv qui entre en compétition alimentaire et peut s’attaquer aux jeunes larves pendant que la mère est obligée d’abandonner le nid.  Le piégeage jusqu’au mois de juin se justifie aussi par le fait que des fondatrices migrent tardivement de zones surpeuplées, peu ou mal piégées, vers les zones assainies.

Le coût de la destruction des nids de frelons asiatiques est pris en charge par la commune de Cressensac-Sarrazac.